Chrome

Il existe souvent chez l’adulte une déficience en chrome. Or, ce "minéral trace" essentiel joue un rôle particulièrement important dans la prévention ou le traitement de certains problèmes métaboliques incluant l’obésité, l’intolérance au glucose ou un profil de dyslipidémie, associés à une élévation du risque cardio-vasculaire.

Le chrome est un minéral dont l’organisme a besoin en très petites quantités mais qui joue un rôle significatif dans la nutrition de l’homme. Le chrome participe au métabolisme du glucose en stimulant les effets de l’insuline, l’hormone pancréatique qui fournit aux cellules le glucose nécessaire à la production d’énergie et qui maintient des niveaux normaux de glucose sanguin.

L’insuline joue un rôle essentiel dans ce processus biologique fondamental en régulant les mouvements du glucose hors du sang et vers les cellules. Le chrome est utilisé comme cofacteur pour « déverrouiller » la porte des membranes cellulaires, permettant ainsi au glucose d’y pénétrer.

L’existence de cette étroite relation avec l’insuline fait qu’un certain nombre d’études ont examiné son intérêt dans le traitement du diabète. Les résultats ont dans l’ensemble été positifs : des suppléments de chrome semblent améliorer la gestion de la glycémie chez certaines personnes atteintes de diabète. Il pourrait également apporter une aide dans des cas d’anomalies légères du métabolisme du sucre sanguin. Quelques études suggèrent qu’il pourrait aider à perdre du poids.

Les symptômes d’une déficience en chrome

Le chrome est maintenant reconnu comme l’un des 15 éléments "trace" indispensables à un fonctionnement physiologique normal du métabolisme des lipides et des hydrates de carbone. Des déficiences en chrome ont été associées à un grand nombre de maladies incluant des symptômes de diabète de type II, comme une diminution de la tolérance au glucose (facteur GTF), une augmentation des niveaux d’insuline sérique et une diminution du nombre des récepteurs à insuline. Des déficiences en chrome peuvent également mimer de nombreux signes d’une maladie cardio-vasculaire, comme des niveaux élevés de cholestérol et de triglycérides ou une diminution de ceux du « bon » cholestérol, le cholestérol-HDL.

Chrome et diabète

L’intérêt pour l’administration de chrome à des patients diabétiques remonte aux années 1970 lorsque l’on s’est rendu compte qu’il était indispensable au métabolisme normal des hydrates de carbone.

Un patient recevant une nutrition parentérale totale avait développé des signes sévères de diabète, incluant perte de poids et hyperglycémie réfractaire à des doses accrues d’insuline. En s’appuyant sur des études animales et des études préliminaires sur l’homme, on a donné à ce patient un supplément de chrome (200 µg par jour). En deux semaines, les signes et symptômes de diabète avaient diminué ainsi que les besoins en insuline. Après la troisième semaine, le patient a pu arrêter le traitement à l’insuline, tous les symptômes ayant été corrigés. D’autres études sur les effets bénéfiques du chrome chez des patients recevant une nutrition parentérale totale ont été bien documentées dans la littérature scientifique. Le chrome est maintenant systématiquement ajouté aux solutions de nutrition parentérale totale.

Les résultats de ces études impliquaient fortement le chrome comme cofacteur indispensable à l’action de l’insuline.

Des déficiences en chrome sont associées, chez des diabétiques, à des irrégularités de concentration de sucre sanguin. Des études ont montré que le chrome traite efficacement différents types de diabète incluant les diabètes de type I et II, le diabète gestationnel ou un diabète induit par des stéroïdes.

Un groupe de chercheurs israéliens de l’hôpital Samuel-Harofeh de Tel-Aviv a étudié l’effet d’une supplémentation en chrome sur 39 sujets diabétiques âgés en moyenne de 73 ans. Avec leur traitement habituel, les participants ont reçu deux fois par jour 200 µg de chrome pendant trois semaines. Ils suivaient également un régime pauvre en sucre de 1 500 kcal/jour. Des échantillons sanguins ont été collectés avant et après l’étude. Leur analyse a montré une réduction significative de la glycémie et des taux sanguins de cholestérol total. La glycémie moyenne a chuté de 189 à 150 mg/dl et le cholestérol total de 225 à 211 mg/dl.

Une équipe slovène a investigué l’effet d’une supplémentation en chrome sur la durée de l’intervalle QT (à l’électrocardiogramme) chez des patients souffrant d’un diabète de type II. Une perturbation du rythme cardiaque, connue comme un intervalle QT prolongé, a été reliée à une arythmie cardiaque mortelle. Dans cette étude, 30 patients diabétiques ont reçu quotidiennement pendant trois mois 1 000 µg de chrome, puis un placebo pendant trois nouveaux mois. Un autre groupe de 30 patients diabétiques a commencé par recevoir pendant trois mois un placebo et ensuite du chrome pendant trois nouveaux mois.

Au début de l’essai, l’intervalle QT regardé sur un électrocardiogramme classique était similaire dans les deux groupes de patients – 422 ms dans l’un et 425 dans l’autre. Après trois mois, cet intervalle était significativement plus court dans le groupe supplémenté (406 ms) que dans celui sous placebo. Après les trois mois suivants, le rétrécissement de l’intervalle QT était observé dans le second groupe mais pas dans le premier. À la fin de l’étude, la durée de l’intervalle QT était similaire dans les deux groupes et nettement plus courte qu’au début de l’étude avant la supplémentation en chrome. Les chercheurs ont tiré de ces résultats la conclusion qu’une augmentation de la consommation de chrome pourrait diminuer le risque cardio-vasculaire chez des patients souffrant d’un diabète de type II.

Dans une étude pilote en double aveugle, deux groupes de volontaires ont reçu 300 µg de chrome lié à la niacine ou un placebo quotidiennement pendant trois mois. La glycémie moyenne à jeun a été significativement diminuée chez les sujets supplémentés alors qu’elle restait inchangée dans le groupe sous placebo. Chez les sujets supplémentés, une modeste chute des triglycérides et de l’hémoglobine glycosylée (Hb1Ac), un biomarqueur du contrôle à long terme de la glycémie, a également été constatée. La supplémentation a été bien tolérée et aucun effet négatif n’a été observé.

Une supplémentation en chrome a également démontré son efficacité à améliorer le métabolisme du glucose et de l’insuline chez des femmes souffrant d’un diabète gestationnel.

Une étude contrôlée contre placebo portant sur 30 femmes dans cette situation a montré qu’un traitement avec 4 ou 8 µg/kg de chrome pendant 8 semaines diminuait de façon significative la glycémie à jeun et l’insuline par rapport au placebo.

L’administration de chrome peut également inverser un diabète induit par des stéroïdes. Trois patients traités avec 600 µg par jour de chrome ont vu leur glycémie à jeun tomber de 250 à 150 mg/dl et les doses de médicaments antidiabétiques ont pu être diminuées.

Diminue le risque cardio-vasculaire

Dans une étude publiée récemment, une équipe de Baltimore a mesuré les niveaux de chrome de 684 hommes ayant survécu à un infarctus du myocarde et d’un nombre similaire d’hommes n’ayant jamais eu d’infarctus. Le chrome a été mesuré dans des bouts d’ongles des pieds qui fournissent une meilleure indication à long terme que des mesures faites sur les niveaux sanguins.

Les niveaux de chrome étaient plus faibles chez les individus plus âgés, déclinant de 9 % par dizaine d’années de vieillissement. Ces niveaux étaient également plus faibles chez ceux ayant une pression sanguine élevée. Les niveaux de chrome étaient 13 % plus bas chez les sujets ayant eu un infarctus que chez les témoins. D’autres analyses ont montré que les sujets ayant les niveaux de chrome les plus élevés avaient 35 % moins de risque d’avoir un infarctus que ceux en ayant les plus bas niveaux.

De nombreuses études évaluant les effets d’une supplémentation en chrome sur le métabolisme du sucre et de l’insuline ont également examiné son action sur les lipides sériques. Un certain nombre d’entre elles ont montré que le chrome diminue les niveaux de cholestérol total et de triglycérides, tout en augmentant ceux du «bon cholestérol», le HDL, agissant ainsi positivement sur le risque cardiovasculaire.

Une influence sur la perte de graisse et le gain en muscles

Un certain nombre d’essais ont été réalisés chez des diabétiques comme chez des non-diabétiques pour évaluer l’effet d’une supplémentation en chrome sur le poids et la composition du corps. Les résultats indiquent généralement qu’une supplémentation en chrome, chez les diabétiques, a, au mieux, de modestes effets sur leur poids et la composition du corps. Les effets bénéfiques sont plus homogènes chez les sujets volontaires en bonne santé.

Ainsi, une étude a été réalisée par une équipe de chercheurs de l’université du Texas à Austin pour examiner les effets d’une supplémentation en chrome, avec ou sans entraînement physique, sur les facteurs de risque de diabète non insulino-dépendant ou de maladie cardio-vasculaire chez des jeunes femmes obèses. Elles ont reçu quotidiennement 400 µg de chrome sous forme de picolinate et de nicotinate pendant 8 semaines. La supplémentation en picolinate de chrome a généré une prise de poids significative alors que l’exercice physique combiné avec la supplémentation en nicotinate de chrome a eu pour résultat une perte de poids significative et a diminué la réponse de l’insuline à une charge de glucose administrée par voie orale.

Une autre étude pilote a été définie pour évaluer si 600 µg quotidiens de nicotinate de chrome administrés pendant deux mois à des Afro-Américaines entreprenant un léger régime diététique et d’exercice physique avait une incidence sur la perte de poids et la composition corporelle. 20 Afro-Américaines en surpoids ont été enrôlées dans une étude croisée, en double aveugle, contrôlée contre placebo. Pendant une période de contrôle, elles ont reçu un placebo trois fois par jour puis, pendant la période de test, 200 µg de chrome trois fois par jour. Les résultats ont montré que la prise de nicotinate de chrome accompagnée d’un léger régime associant diététique et exercice physique provoquait une perte significative de masse grasse tout en épargnant les muscles par rapport au placebo.

Une plus grande efficacité

Une étude a comparé les effets de différents composés à base de chrome sur une hypertension induite par une glycémie élevée et sur la production de radicaux libres. Des animaux développant spontanément une hypertension ont été nourris avec du nicotinate de chrome, du picolinate de chrome, de l’acétate de chrome, du chlorure de chrome ou avec un complexe d’acide nicotinique de chrome et d’acides aminés.

Ils ont ensuite reçu de l’eau sucrée pour élever la pression sanguine. Tous les composants à base de chrome, sauf le complexe, ont efficacement prévenu l’augmentation de la pression systolique induite par le sucre par rapport aux animaux témoins non supplémentés.

L’acétate de chrome et le picolinate de chrome ont également abaissé les niveaux de l’HbA1C, le biomarqueur du contrôle à long terme de la glycémie. L’acétate a réduit de façon significative les lésions radicalaires sur les graisses dans le foie et les reins tandis que le picolinate diminuait les lésions dans les reins.

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